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TRIBUNE

Pour bien nourrir tout le monde, révolutionnons nos politiques agricole et alimentaire

Paysan·nes, membres d’organisations agricoles et de développement rural, syndicalistes, agronomes,
citoyen·nes engagé·es, élu·es, membres du parlement de l’Union populaire, nous pensons qu’une révolution systémique dans le champ des politiques agricoles et alimentaires au service de l’intérêt général et des générations futures est indispensable. C’est pourquoi nous soutenons le programme l’Avenir en commun et la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour le porter à la victoire en 2022.

Enrayer la crise sociale dans l’agriculture

Les chiffres du dernier recensement agricole sont catastrophiques : 390 000 fermes en 2020. Nous en avons perdu 100 000 en dix ans. A cela s’ajoutent 600 000 salarié·es agricoles, complètement invisibilisé·es. Aucune politique publique n’a permis d’enrayer cet immense plan social dans l’agriculture avec une baisse moyenne des actifs agricoles de l’ordre de 2% par an. À ce rythme, l’issue est dramatiquement prévisible, non pas seulement la disparition des paysan·nes mais celle de l’agriculture écologique et paysanne toute entière au profit d’une agro-industrie triomphante se substituant à grand coup de profits et de concentration à la fonction nourricière des travailleurs de la terre. Emmanuel Macron est en première ligne de cette destruction. Son rêve d’une société sans paysan·nes, incarnée par le slogan « robotique, numérique, génétique », est en passe de se réaliser. La vision défendue est celle d’une agriculture duale, véritable imposture où la grosse part du gâteau revient à une agriculture productiviste, hyper-technologisée et pilotée par des agro-managers, les miettes pour une agriculture de qualité qui sert alors de pare-feu à toutes les critiques, et dont l’accès n’est pas garanti pour tous.

Ce n’est pas de drones dont nous avons besoin mais de paysan·nes, sans quoi tous les beaux discours sur la transition écologique et la souveraineté alimentaire ne seront que rhétorique. Le programme L’Avenir en commun fait de l’installation agricole, dans des conditions de revenus décents, l’une des clés pour réussir les transitions agro-écologiques et sociales de notre modèle agricole et alimentaire, et fixe le cap de 300 000 emplois agricoles créés sur le prochain mandat. Le défi est celui du renouvellement des générations : d’ici dix ans, la moitié des agriculteur·rices partira à la retraite. Et pour le relever nous n’avons d’autres choix que de changer radicalement les politiques agricoles et alimentaires, tant à l’échelle nationale qu’au niveau européen de la politique agricole commune (PAC).

 

Ré-orienter nos politiques publiques agricoles

Plus aucune personne, formée et motivée, ne devrait renoncer à s’installer à cause de difficultés d’accès au foncier, un manque de revenu ou une absence de soutien public. C’est pourquoi nous soutenons le programme l’Avenir en commun qui propose de :

  • refonder les politiques d’installation, en réorientant  les aides financières vers les  projets d’agriculture écologique et paysanne, de diversification alimentaire du territoire et les démarches collectives et en permettant aux nouveaux installés de plus de 40 ans d’accéder à ces aides financières à l’installation.
  • lutter contre l’accaparement des terres, dans le cadre d’une réforme agraire qui permette l’accès au foncier, notamment en instaurant une surface maximale d’exploitation par type de production lors des transmissions de terres agricoles, en démocratisant les organismes publics fonciers actuels et en renforçant leurs moyens de façon à ce qu’ils puissent préempter et conserver les terres aussi longtemps que nécessaire pour assurer qu’elles sont utilisées pour l’installation de projets agricoles vertueux pour l’environnement et le territoire.  
  • lutter contre l’artificialisation des sols pour empêcher la disparition des surfaces agricoles utiles, en s’inspirant de la loi « littoral »
  • redonner au métier de paysan·ne sa dignité en garantissant des prix rémunérateurs (prix planchers, application de coefficients multiplicateurs, prix minimum d’entrée à l’importation…) et des pensions à 1400€ net/mois minimum pour une carrière complète.
  • ré-orienter et renforcer les services techniques, la formation et la recherche agricoles publiques autour des enjeux d’une bifurcation écologique et sociale de l’agriculture, qui implique paysan·nes et citoyen·nes, et soit débarrassé de l’influence des lobbys privés.
  • mener une politique volontariste de promotion et de formation des métiers de l’agriculture pour les rendre désirables et valorisés dans la société.

 

Tout cela devra se faire en renforçant considérablement les moyens et l’autonomie des structures du développement agri-rural alternatif, véritables creusets de savoirs et d’expériences collectives indispensables pour accompagner ces changements. Il faut dépoussiérer nombre d’instances agricoles parfois sclérosées par le corporatisme et un manque cruel de pluralisme, avec l’instauration d’un droit de regard et d’orientation des citoyen·nes.

 

Faire de l’agriculture écologique et paysanne la règle, plus l’exception

L’agriculture industrielle à base de monocultures, de pesticides et d’engrais chimiques détruit tout : l’écosystème, la santé des Français·es et particulièrement celle des paysan·nes. L’élevage industriel est un concentré de souffrances animales inacceptables et l’un des principaux risques de zoonoses. Le cap d’une agriculture écologique et paysanne respectueuse du bien-être des animaux doit être fixé tout en libérant l’agriculture biologique de l’emprise de l’agro-industrie. C’est pourquoi nous soutenons le programme l’Avenir en commun qui propose :

  • La planification de l’interdiction progressive de tous les pesticides et engrais chimiques de synthèse, à commencer immédiatement par celle du  glyphosate et des néonicotinoïdes, et l’arrêt des projets de méga-bassines.
  • la promotion d’une agriculture relocalisée, diversifiée, et écologique qui prenne soin de la fertilité des sols, de l’eau, de la biodiversité (sauvage et cultivée), l’augmentation des surfaces en agriculture biologique pour atteindre 100 % au plus tard en 2050, l’augmentation des surfaces en infrastructures agroécologiques (haies, mares, bandes fleuries…)
  • L’interdiction des fermes-usines, la sortie de l’élevage industriel en accompagnant les éleveurs dans la transition, la réduction de la production et de la consommation de protéines animales, le soutien à l’élevage paysan respectueux du bien-être animal, des éleveur·ses et de l’environnement.

 

Garantir le droit effectif à une alimentation choisie

Il devient également urgent de reconnecter la question agricole aux enjeux alimentaires. Remplacer l’actuel ministère de l’Agriculture, chambre d’enregistrement du complexe agro-industriel, par un ministère de la Production alimentaire symbolisera le changement de cap : désormais, le cœur des politiques agricoles devra être l’horizon d’une autonomie alimentaire et la garantie d’un droit effectif à une alimentation de qualité saine et choisie pour toutes et tous. La bifurcation de l’agriculture augmentera la rémunération des producteur·rices tout en garantissant un prix accessible aux consommateur·rices par l’encadrement des marges de la grande distribution et des intermédiaires. C’est aux 10 millions de précaires alimentaires et 26 millions d’insatisfait·es de leur alimentation que l’on doit s’adresser. Ce sont les besoins alimentaires, démocratiquement identifiés, qui doivent déterminer l’économie agricole, pas l’inverse. C’est pourquoi nous soutenons le programme L’Avenir en commun, qui propose notamment : 

  • La hausse massive du pouvoir d’achat populaire par l’augmentation des salaires et des minimas sociaux pour permettre d’accéder à l’alimentation tout en rémunérant mieux les producteur·rices
  • Le blocage des prix de produits de première nécessité, y compris celui de 5 fruits et légumes, à un niveau qui garantisse la rémunération des producteur·rices et limite les marges de la transformation et de la grande distribution, notamment en s’inspirant du « bouclier qualité-prix » aujourd’hui en vigueur dans les Outre-mer
  • La gratuité des cantines scolaires et la planification de la transition vers une restauration collective 100 % biologique et locale, avec une option végétarienne quotidienne et un menu hebdomadaire végétarien pour tou·tes les usager·es
  • Le développement des projets alimentaires territoriaux
  • En finir avec la malbouffe en interdisant les additifs les plus controversés, en réduisant la consommation de protéines animales, de sel, de sucre et d’acides gras saturés et en augmentant la consommation de fruits, légumes, légumineuses et céréales complètes

 

Nous voulons bâtir un nouveau contrat entre les Français·es et les acteur·rices du système alimentaire permettant de lutter contre la précarité alimentaire et d’instaurer d’une véritable démocratie dans l’alimentation. Une expérimentation visant à une garantie universelle d’accès à des aliments choisis, premier jalon vers une sécurité sociale de l’alimentation, sera donc mise en place.

 

Reprendre la PAC au productivisme

Rien de tout cela ne se fera en restant dans le carcan de la PAC actuelle et sans une rupture avec l’ordre néolibéral qui dirige l’économie agricole au niveau international. L’année 2022 sera celle de décisions importantes quant au plan stratégique national (PSN), qui donne aux États membres une certaine liberté d’application au sein de la PAC. Le PSN actuellement établi par le gouvernement français n’est absolument pas à la hauteur des enjeux, il devra être largement renégocié pour :

  • une PAC au service de la bifurcation écologique de l’agriculture, à la hauteur des enjeux de santé publique, de climat, de biodiversité et de bien-être des animaux d’élevage.
  • une PAC créatrice d’emplois où les aides ne soient plus des rentes à l’hectare mais proportionnées à l’actif agricole, conditionnées aux besoins alimentaires d’un territoire et à des modes de production vertueux.
  • une PAC qui défend le revenu des agriculteur·rices plutôt que d’être la machine à profits de l’industrie de l’agroéquipement. Et s’il faut désobéir aux traités européens pour appliquer cette politique, le programme l’Avenir en commun le prévoit.

C’est pourquoi nous soutenons l’Avenir en commun qui prévoit une refonte en profondeur de la -politique agricole commune, à commencer par une révision d’urgence qui, dès 2023, doublera le budget consacré à l’agriculture biologique, triplera celui consacré aux mesures agro-environnementales et climatiques, doublera le budget consacré au paiement redistributif – ciblé sur les petites et moyennes exploitations – et triplera celui dédié à l’installation d’agricultrices et d’agriculteurs.

Mettons au pouvoir cette ambitieuse ré-orientation des politiques agricoles et alimentaires, qui fait le pari d’un renouveau par l’installation paysanne et la démocratie alimentaire. 

Soyons, dans les urnes comme dans les champs, les porte-voix de cette révolution, les relais de toutes les luttes paysannes, la courroie de distribution des alternatives concrètes au modèle productiviste. 

Pour regagner notre souveraineté alimentaire en solidarité avec tous les paysan·nes du monde, pour remettre de la démocratie dans l’alimentation, pour que l’union populaire soit aussi paysanne, nous voterons et appelons à voter pour le programme l’Avenir en commun, porté par la candidature de Jean-Luc Mélenchon en avril 2022.

Les premiers signataires

Aurélie Trouvé, Ex-porte-parole d’Attac, présidente du Parlement de l’Union Populaire
Léo Coutellec, Ex-porte-parole du MIRAMAP, membre du Parlement de l’Union Populaire
Clémence Guetté, co-responsable du programme l’Avenir en Commun
André Bouchut, syndicaliste paysan, membre du Parlement de l’Union Populaire
Bénédicte Taurine, députée France Insoumise de l’Ariège
Patrick Bougeard, Ex-président de Solidarité Paysan, membre du Parlement de l’Union Populaire
Jocelyne Porcher, sociologue, membre du Parlement de l’Union Populaire
Manuel Bompard, député européen France Insoumise
Loïc Prud’homme, député France Insoumise de la Gironde
Laurent Levard, agro-économiste, ancien coordinateur du livret agriculture de l’Avenir en Commun

La liste complète des signataires

Julien Bailly, paysan, co-rédacteur du livre « Notre Pain est Politique »

Jean-Claude Balbot, paysan, éleveur retraité, ancien secrétaire national de la FN CIVAM

Cyril Beaulieu, paysan-meunier-boulanger, Côte d’Or

Olivier Bel, paysan-éleveur, syndicaliste, Hautes-Alpes

Michel Bertrand, agronome

Jean-François Blaise, paysan, Côte d’Or

Bénédicte Bonzi, chercheuse en anthropologie sociale sur le droit à l’alimentation

Evelyne Boulongne, militante associative pour une agroécologie paysanne

Francis Brunet, ingénieur agriculture, agroalimentaire et environnement ISARA-Lyon

Elisabeth Carbone, militante associative pour une agroécologie paysanne 

Guillaume Chaussemy, maire rural, co-présidents du réseau des élus LFI & citoyens

Hubert Cochet, agro-économiste, enseignant-chercheur

Mathieu Dalmais, agronome militant, à l’origine du projet de Sécurité sociale de l’alimentation

Alice Dardelet, ingénieur agronome spécialisée en agroécologie/circuits courts

Hendrik Davi, directeur de recherche en écologie, membre du parlement de l’Union populaire

Vincent David, paysan bio, co-président Groupement des Agriculteurs Bio de Charente-maritime (17)

Thomas Delauge, paysan-maraicher bio, Haute-Loire

Jérôme Dehondt, paysans-maraicher en AMAP, Maine-et-Loire

Nicolas Dumoulin, ingénieur INRAE, Sud Recherche EPST

Cyril Dutech, syndicaliste, chercheur en biologie évolutive

Marie-Océane Fekairi, Paysanne-vigneronne, Saône-et-Loire

Alain Falque, ingénieur de recherche, Institut Agro

Coline Faugerolle, paysanne-éleveuse de brebis et fromagère, Côte d’Or

Caroline Fesselier, co-animatrice du livret Ruralités de l’Union Populaire

Julie Garnier, conseillère régionale France Insoumise, Seine-et-Marne

Morgane Guillas, conseillère municipale déléguée à l’agriculture urbaine et paysanne, Villeurbanne

Marie-Anne Guilleman, paysanne, Yonne

Stéphane Guinot, maire de Boussenois, chef de file Union Populaire 4ème circonscription de Côte d’Or

Etienne Heulin, paysan, syndicaliste, victime des pesticides

Vincent Jannot, militant associatif pour un accès collectif et solidaire au foncier

François Jarrige, historien

Philippe Jatteau, ingénieur de recherche

Jérôme Keller, paysan bio, Haute-Vienne

Julie Ledrich, paysanne-boulangère, Côte d’Or

Raymond Leduc, paysan retraité, Essonne

Marie-Thérèse Leduc, paysanne retraitée, Essonne

Raphaël Lornage, paysan-maraicher, GAEC Les Routabagas, Drôme

Lea Lugassy, agroécologue

Carline Mainenti, chargée de plaidoyer ONG

Rosalie Maalouf, juriste en droit rural

Ludovic Mamdy, formateur consultant en transition agricole et alimentaire

Dominique Marion, paysan bio, ancien président de la FNAB

Marcel Mazoyer, professeur émérite à Agroparistech, ancien président du Comité du programme de la FAO

Youri Meignan, ingénieur d’étude en sciences de l’éducation et formation, AgroSupDijon

Jean-Pierre Montigné, paysan, éleveur, Vaucluse

Valentin Morel, paysans-vigneron bio, Jura

Francine Narbal, militante de l’agriculture paysanne

Albert Ody, paysan retraité, fondateur et militant de la Confédération paysanne

Dominique Paturel, chercheuse Lisra, Collectif Démocratie Alimentaire

Antoine Pinault, néo-paysan maraicher, Provence-Alpes-Côte d’Azur

Marc Pion, paysan, auteur de la conférence gesticulée « Du tracteur à l’âne », Finistère

Pascal Rascle, paysan bio, paysan boulanger, militant associatif, Haute-Loire

Olivier Réchauchère, agronome à l’INRAE, syndicaliste

Guy Richard, ancien technicien agricole

Christian Roqueirol, paysan, figure de la lutte du Larzac

Geneviève Savigny, paysanne syndicaliste, Alpes de Haute-Provence

Guillaume Szymczak, paysan-maraicher, GAEC Les Routabagas, Drôme

Laurent Therond, paysan-vigneron, Vaucluse

Heran Valerian, ouvrier viticole et tractoriste, Hérault

Jacques-Henri Vandaele, dirigeant retraité d’associations de conseils aux éleveurs, Bretagne

Christian Vélot , généticien, enseignant-chercheur

Lucie Verdier, militante associative pour une agriculture paysanne

François Warlop, agronome, membre de Sciences Citoyennes Célina Whitaker, militante de l’éducation populaire

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